La petite barbare

16 novembre 2015

La petite barbare de Astrid Manfredi

Ma librairie habituelle organisait, il y a quelques semaines une rencontre avec Astrid Manfredi, auteure de la Petite Barbare. Je n'ai malheureusement pas pu être présente, mais la lecture des critiques m'a vraiment donné envie de lire ce livre. C'est à la bibliothèque de mon village que j'ai trouvé un exemplaire alors que je ne m'y attendais pas. J'ai immédiatement sauté sur l'occasion et j'ai dévoré ce roman. La Petite Barbare est un récit brut, à vif et extêmement poignant. La jeune narratrice est désarmante, parce qu'elle semble détachée de ce qui peut toucher ou atteindre sa personne, insensible et emmurée dans une carapace qui la protège des sentiments et d'autrui . Ce qui est perturbant dans ce roman, c'est la dérive de l'adolescente et son acceptation des choses. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au film de Bertrand Tavernier "L'appât", qui présente un fait similaire.

Généralement le sujet de la prison n'est pas un thème qui retient mon attention ou m'attire. Pourtant ce roman m'a captivée et; est, à mon avis, à mettre dans une catégorie à part. Je l'ai trouvé particulièrement poignant, juste et bien écrit. Le texte retranscrit la pensée de la détenue et le fil de ses idées L'auteure ne tente à aucun moment d'excuser ou disculper la jeune femme; elle ne sombre pas non plus dans le misérabilisme. L'effroyable n'est pas dans les faits rélatés de cette histoire mais dans le réalisme et la vraissemblance avec les faits divers de notre société.

Ce livre est le premier roman d'Astrid Manfredi. Je ne connais rien d'elle; mais pour écrire un texte d'une telle force, elle a sans doute été très proche d'une telle réalité. J'ai du mal à imaginer que tout puisse être sorti de son imagination ou d'une simple documentation.

Quatrième de couverture: "Moi, monsieur, je suis pleine du bruit assourdissant de vivre.

En détention on l'appelle la Petite Barbare; elle a vingt ans et a grandi dans l'abattoir bétonné de la banlieue. L'irréparable, elle l'a commis en détournant les yeux. Elle est belle, elle aime les talons aiguilles et les robes qui brillent, les shots de vodka et les livres pour échapper à l'ennui. Avant, les hommes tombaient comme des moches et elle avait l'argent facile.

En prison, elle décrit le parcours d'exclusion et sa rage de survivre. En jetant à la face du monde le récit d'un chaos intérieur et social, elle tente un pas de côté. Comment s'émanciper de la violence sans horizon qui a fait d'elle un monstre? Comment rêver d'autres rencontres et s'inventer un avenir?

La Petite Barbare est un bâton de dynamite rentré dans la peau d'une société du néant. Un roman brut et stupéfiant."

Extrait choisi: "On ne dira jamais assez à quel point mater un mur toute la journée peut rendre félée, car une fois que t'as déchiffré les appels au secours du crépis tu te retrouves sur ton pieu face à une souricière. Rien à espérer sauf te raccrocher à des détails comme cette bande de lumière qui entre dans la cellule et dont la clareté sans accroc te propulse dans ton histoire. Et t'as beau te dire que tu préférerais être chez Zara et acheter des robes à faire chavirer les mecs des beaux quartiers, tu sais que le seul défilé auquel t'auras droit c'est celui des souvenirs et de l'ennui. Il est midi, je mange des épinards en boîte et bois du café sans caféine dans une cellule de cinq mètres carrés ou mon corps ne peut plus crier sa colère. Y a plus qu'à écrire, dire le pourquoi du comment qui fera mouiller ma psy, dire l'écrasante réalité et la banlieue qui fout des coups de Nike dans le roti du dimanche."

Posté par lalaure à 08:13 - Commentaires […] - Permalien [#]