Les Morues

Les Morues de Titiou Lecoq

Conseillé par le libraire, ce livre que j'avais vu depuis un moment sur les présentoirs, ne m'attirait pas franchement. Mais vu l'enthousiasme du libraire, j'ai cédé et j'ai bien fait. Sur le principe, les Morues se retrouvent dans un bar pour écrire une charte féministe. Lors de ces rendez-vous sacrés qui finissent en pure délire, elles se confient, se soutiennent et s'interrogent sur leurs existences, leur relations avec les hommes, leur avenir professionnel, sans jamais porter de jugement. Les Morues sont impertinentes, indépendantes, déterminées, futiles, engagées, déjantées, drôles et sincères. Et puis il est aussi question de blog dans ce livre: que réveler de sa personne sur le net? Parce que les discussions de la Toile peuvent avoir des conséquences dans la vraie vie et atteindre l'auteur au plus profond de lui même. Malgré un ton parfois familier, j'ai trouvé ce premier roman très bien écrit.

Quatrième de couverture: "C'est l'histoire des Morues, trois filles - Ema, Gabrielle et Alice - et un garçon - Fred -, trentenaires féministes pris dans leurs turpitudes amoureuses et professionnelles. Un livre qui commence par un hommage à Kurt Coabain, continue comme un polar, vous happe comme un thriller de journalisme politique, dévoile les dessous de la privatisation des services publics et s'achève finalement sur le roman de on s'aime et on se désire, en France, à l'ère de l'Internet. C'est le roman d'une époque, la nôtre»"

Extrait choisi: "Les lambris de la République. L'expression consacrée tournait en boucle dans l'esprit d'Ema tandis qu'elle attendait dans le couloir doré son entretien avec la ministre. Michel ne lui avait pas menti - dès qu'elle avait donné le nom du journal, l'intreview avait été acceptée. Elle avait eu au téléphone un attaché de presse d'un enthousiasme hystérique. Le parfait lèche-boule. Madame la ministre avait dégagé un créneau d'une demi-heure pour la recevoir, Madame la ministreétait très attachée à la cause féminine, Madame la ministre se ferait un plaisir d'apporter son témoignage de femme même si Madame la ministre était très absorbée par les responsabilités inhérentes à sa fonction de ministre - rappelons le. Mais Madame la ministre ne voulait pas se couper des citoyens pour qui elle oeuvrait chaque jour. Mais dès que la porte s'ouvrit et qu'Ema pénétra dans le bureau doré, elle comprit que Madame la ministre ne partageait pas franchement l'enthousiasme délirant de son fougueux attaché de presse. Après une poignée de main gélatineuse, elle l'invita à s'assoir tandis qu'elle-même s'installait royalement de l'autre côté d'un'immense bureau en acajou. Des piles de dossiers l'encadraient faisant comprendre au visiteur que son temps était compté. Elle regarda fixement Ema sans l'ombre d'un sourire et dans un silence absolu. Ema était un peu ébranlée par cet accueil si différent de l'euphorie de l'attaché de presse. Elle jeta un coup d'oeil à ses bottines pour retrouver sa hargne. La ministre voulait jouer à la mettre mal à l'aise. Très bien. Mais elle ne se doutait pas de ce qu'Ema lui préparait"

Comments

[Anaïs C.]

Oh mes fibres féministes ont été éveillées et sont curieuse de cette lecture !